Comme l’indique le frontispice du numéro spécimen, la revue L’Image “fondée en 1896, est publiée par la Société Corporative Française des graveurs sur bois, pour la conservation d’un art que les procédés mécaniques tendent à faire disparaître.”
Cette revue a été publiée de décembre 1896 à novembre 1897, et a compté douze numéros mensuels. L’Image est en fait parue dans un contexte idéaliste de renouveau artistique et décoratif, et avait l’ambition de marier l’image avec le texte. Des artistes tels que Mucha (1860-1939), Georges de Feure (1868-1943), Victor Prouvé (1858-1943), George Auriol (1863-1938) ou Maurice Pillard-Verneuil (1869-1942) l’illustrèrent de leur talent. A cette occasion, un article entier fut publié dans Art et Décoration ; son auteur, Raymond Bouyer, qualifia cette revue d’oeuvre d’art : “Quel meilleur exemple choisir pour constater l’entrée du livre dans ce vaste renouveau décoratif qui restera comme une des signatures les plus subtiles de cette époque ?” (Raymond Bouyer, Art et Décoration, 1898, p. 26)
Le principe de cette revue demeurait dans la parution d’un texte, prose ou poème, encadré et décoré par des motifs constitués de végétaux ou de scènes figuratives. L’originalité de ce projet résidait essentiellement sur la volonté de faire d’une simple revue une véritable oeuvre d’art, aspiration qui se caractérisait par “l’hymen du texte avec l’image.” (Raymond Bouyer, 1898, p. 28) Le périodique désirait par conséquent briser la frontière qui était généralement établie entre les écrivains ou poètes, et les artistes ornemanistes.
|
Cette association aspirait à un art idéal, où chaque artiste apportait sa contribution, pour réaliser une oeuvre d’art totale.
De plus, chaque publication se basait sur “des éléments divers qui réalisent et le décor, et la pensée” (Raymond Bouyer, 1898, p. 27) pour tendre vers la création d’un véritable livre.
Chaque détail était de ce fait minutieusement choisi, pour constituer un ouvrage d’érudition raffiné et esthétique. Un papier de qualité était utilisé : “la décadence menaçait : il fallait réagir.” (Raymond Bouyer, 1898, p. 27) Le choix des caractères avait aussi une véritable importance, de même que la mise en page. Mais l’aspect majeur qui dominait ce livre d’art et qui lui donnait toute son essence était sans aucun doute l’utilisation des ornements.
Ces décors étaient toujours très variés, jamais réutilisés, et les frontispices étaient illustrés chaque mois par un artiste différent. Ainsi, cette volonté de ne jamais faire reparaître un même motif décoratif aboutissait à une extraordinaire variété d’arabesques, de rinceaux, de frises, de lettres ornées et de fleurons. Cette revue constituaient de ce fait un recueil ornemental très riche, mais surtout très hétérogène, chaque artiste apportant un style différent, et toujours remarquable : “L’arabesque n’est-elle pas le meilleur synonyme de l’art ? L’art, c’est la forme ; et décorer un livre, c’est l’illustrer.” (Raymond Bouyer, 1898, p. 28) L’Image semblait alors constituer une nouvelle étape dans la renaissance ornementale, caractéristique du XIXe siècle, et prévue par Viollet-le-Duc.
|